La pire offense qu’on m’ait jamais adressée est probablement celle qu’un grand bourgeois, mais de gôche, d’extrême gôche, même, le grand bourgeois, qui, du haut de sa lignée, m’adressa un jour, alors que nous étions en train de deviser et que j’exprimais mon opinion, comme la liberté de parole l’autorise à tout citoyen. Avec tout le mépris dont il était capable, et bien que nous soyons amis, du moins le croyais-je, il eût cette sentence : tu pues l’autodidacte ! Le paradoxe de la situation lui avait échappé. Je venais probablement, comme c’est mon habitude, d’outrecuider gravement, de remettre en cause tout à fait naïvement, l’ordre social établi. Dans son esprit, je méritais mes coups de fouet. L’aréopage acquiesça. Ils étaient entre eux. Entre eux, cela voulait dire qu’ils avaient tous fait de très bonnes études, vécu leur jeunesse dans la soie, hérité d’une bibliothèque paternelle gigantesque. Et lui, tout bonnement, sans prendre en compte mes origines humbles, qui m’avaient imposé, évidemment, l’autodidactie, lui, il a pensé qu’il pouvait me remettre à ma place, d’un revers de main. Je puais.... Dans le caniveau, déchet !.. Celui que tu n’aurais jamais dû quitter. Par manque de chance, pour lui, le coup est passé à côté de moi. La dignité avait changé de camp et sa phrase, plutôt que cingler, l’enfonça dans sa propre médiocrité. J’ai commencé à le mépriser juste à ce moment-là.
lundi 24 septembre 2012
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