vendredi 7 décembre 2012
Vieille carcasse
Je suis plutôt contre le progrès.. Et vous ?... Je parie que non, en majorité. Mais avant de répondre, je devrais expliquer contre quoi, au juste. Car le problème est d’abord sémantique. Que nomme-t-on progrès? Si le progrès est pris au sens commun, c’est à dire ce phénomène qui aboutit à l’obsolescence programmée, qui conduit à la croissance obligatoire des systèmes capitalistes, alors, je confirme : je suis contre. Je reste définitivement accroché au concept de téléphone qui sert à téléphoner et me contrefiche que mon écran personnel m’autorise ou non à visionner des films. Il y a des cinémas pour ça. Le progrès, c’était l’invention du cinéma. Pas le téléphone cinéma. De la même manière, si le progrès signifie la création de grosses berlines allemandes capables de rouler à 240 km/h et dotées d’un ordinateur de bord quand l’essence de la machine automobile est de se déplacer, et peu importe à quelle vitesse, d’autant plus dans un monde où elle est partout limitée à 90,110 ou 130, d’un point à un autre, je suis contre. La question est donc bel et bien de savoir de quoi nous parlons. Récemment, dans mon pays, la France, touchée par un accroissement du chômage des classes les moins favorisées, un ouvrier a déclaré, au micro de la radio, devant son usine fermée: les machines ont remplacé l’homme, alors, évidemment, hein, nous, on nous jette. D’un côté, le progrès, la machine, de l’autre le recul des conditions d’existence d’un être humain, rejeté et, avant tout, paupérisé. Deux visions du progrès. L’une, tournée vers l’économie, l’autre, en gros, vers l’humain. Tous les laudateurs du progrès font la confusion entre ces deux pôles. Le progrès, pour eux, n’a qu’un seul sens : ce qui va de l’avant. Ce qui est une vision stupide, bien entendu, puisque demain vient toujours. Et cette confusion a des racines très loin dans le temps, chez les inventeurs de la théorie libérale, aux alentours du seizième siècle. Simplement parce qu’à cette époque, les deux versions du terme progrès pouvaient se confondre. Le défaut de leur théorie tient à leur incapacité, naturelle à l’époque, de distinguer entre progrès pour l’Homme, l’Humanité, et la technique. Je vous rassure, il y avait, dès le début des cette théorie, des objections.... Certains préssentaient que ce qui est bon pour la marche du monde pouvait s’avérer mauvais pour l’Homme. Et c’est à ce moment que j’en reviens à la sémantique. Toute l’activité humaine, depuis le commencement, disons trois millions d’années, ne tendait que vers un seul but : soulager le labeur de l’être humain. Sinon, pourquoi inventer la machine, n’est-ce pas? Or, de nos jours, oh les beaux jours !..., les deux versants du mot progrès sont totalement dissociés. Si nous avions été raisonnables, si nous n’étions pas dirigés par des manipulateurs, il y aurait évidemment deux termes distincts. Par exemple le progrès, pour ce qui concerne l’humain et le coissancisme pour l’économie. Bien entendu, la confusion profite au capitalisme. Qui, aujourd’hui, et à part moi, est encore capable de soutenir que notre monde est encore régi par le concept de “lutte de classes” ?... Une simple conséquence du “progrés” confusionnel.... Je suis contre le progrès, donc, mais pas contre la version du progrès qui concerne l’être humain, son épanouissement, son repos, sa fainéantise, et son confort de vie... C’est à dire à des années lumière et de mon époque et... de vous....
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